https://www.youtube.com/watch?v=ZC1d30uTZaM
Un livre de grande maturité qui place le lecteur face à lui-même, au-delà du bien et du mal.
Source : http://us9.campaign-archive1.com/?u=aa4975a4b61ecd86429de3ef3&id=a1ea30764d&e=1f7d86b627
Entretien avec Annick de Souzenelle
Propos recueillis par Carine Anselme
* À 93 ans, Annick de Souzenelle, d’une vitalité réjouissante, publie un livre interpellant. Dans "Le Seigneur et le Satan", cette spécialiste de la Bible, dont elle interroge les énigmes de la langue originelle, nous convie à un au-delà du Bien et du Mal.
* Elle y déploie une vision atypique qui prend sa pleine dimension à la lumière des récents attentats terroristes : la violence extérieure ne serait que le reflet d’un travail intérieur non accompli.
* Mathématicienne de formation, longtemps anesthésiste, cette psychothérapeute érudite nous éveille aux mystères : du corps, du cœur et de la conscience. Ça secoue !
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Vous publiez "Le Seigneur et le Satan. Au-delà du Bien et du Mal". Quelle est la quintessence de ce livre qui résonne étrangement dans cette actualité ?
* Le sous-titre résume l’essentiel : le thème fondamental est "au-delà du bien et du mal". J’aurais d’ailleurs aimé que ce soit le titre ! Mais comme Nietzsche a écrit Par-delà le bien et le mal, je ne pouvais pas le reprendre. C’est là le cœur de l’ouvrage, car le bien et le mal n’ont pas d’ontologie. Je m’en réfère au mythe de la Genèse : c’est parce que Adam a choisi un autre parcours que la dynamique proposée par le Seigneur, qu’il doit assumer ce parcours où l’on multiplie les oppositions, tragiques parfois, dont celle du Bien et du Mal.
Vous soulignez que le Livre de la Genèse a été mal traduit. Cette perception manichéenne du Seigneur et du Satan viendrait-elle de là ?
* La traduction contient, en effet, des erreurs de grammaire, des mots erronés. Est-ce que cela a été fait exprès ou pas, je n’en sais rien... Mais il est certain que l’on n’a pas voulu mettre l’accent sur la pluralité du créé. C’est le quatrième jour de la Genèse, avec l’apparition des luminaires dans le Ciel, qui nous donne la clé.
* Il y a confusion entre le verbe «rompre» (la rupture) et les luminaires (il y a juste une petite lettre d’écart en hébreu, entre ces deux mots). Les traducteurs ont parlé tout simplement de l’arrivée des luminaires dans le Ciel, alors qu’il s’agit d’une rupture dans le Ciel ! D’une rupture entre le grand luminaire, trop éclairé pendant le jour, et le petit luminaire, trop éclairé pendant la nuit. Et c’est là où il est question du Seigneur propre à chaque personne humaine et du Satan. J’en veux pour preuve ce que dit Isaïe qui parle de l’accomplissement de l’Homme : "À ce moment-là, tout sera accompli pour toi." Autrement dit, quand tu auras recouvré ton unité, il n’y aura plus ni soleil ni lune, car le Seigneur sera ta Lumière pour toujours. C’est le retour au Un. Au quatrième jour de la Genèse, il y a donc, à partir du un, le deux. À savoir, le soleil et la lune. En réalité, le Seigneur et le Satan. Et lorsque l’Homme recouvrera son unité, à nouveau le Seigneur et le Satan seront Un.
Cela change la vision que l’on a de Satan...
* Nous sommes là, en effet, devant des données intégralement nouvelles par rapport à ce qui est enseigné vulgairement. Je m’appuie beaucoup sur le Livre de Job, où l’on perçoit une sorte de complicité entre le Seigneur et le Satan pour éprouver Job. C’est là où on voit que le mal dont Job est atteint va le mettre à terre et l’obliger à faire un chemin intérieur alchimique pour entrer dans une intelligence totalement nouvelle. Il sort du confort qu’il avait de lui-même, de son autosatisfaction, pour entrer dans une vraie dynamique de vie. Cette complicité du Seigneur et de Satan va perdurer tout au long du Livre de Job et nous allons la retrouver dans les Évangiles : après son baptême, le Christ est envoyé au désert pour rencontrer le Satan. Si le Satan était vraiment celui que nous avons l’habitude de concevoir, l’Esprit Saint ne l’enverrait pas vers lui ! Il s’agit donc d’un personnage dont le rôle ontologique reste essentiel.
Quel est-il ce rôle du Satan ?
* Il est celui qui fournit l’épreuve. Autrement dit, celui qui fait barrage dans certains moments-clés de nos vies pour que l’on accepte de ne plus rien comprendre, d’aller vers nous-même dans un travail intérieur. Un chemin initiatique qui va nous conduire à une sagesse nouvelle. Il est là dans une collaboration divine, extrêmement importante.
Cet au-delà du bien et du mal permet-il une autre lecture des récents attentats terroristes ?
* J’en ai beaucoup parlé sur YouTube ! Je fais le parallèle avec ce qui s’est passé au moment de la naissance du Christ : à savoir, le massacre des Saints Innocents (que l’on oublie !). Dans la Bible, à la dernière plaie d’Égypte — avant que les Hébreux ne quittent leur état d’esclavage pour se libérer et passer la Mer Rouge, afin d’aller vers la Terre Promise —, l’Ange exterminateur descend en Égypte et tue les fils aînés des Égyptiens, ainsi que les animaux premiers nés. Alors que les fils des Hébreux sont épargnés.
* L’explication est simple : les Hébreux, au travers de toutes les autres épreuves, avaient compris qu’elles étaient l’objectivation de leurs maux et démons intérieurs. Dès lors, ils avaient commencé à faire un travail sur eux ; à donner naissance à l’Enfant Divin à l’intérieur d’eux. Alors que les Égyptiens - les oppresseurs, d’alors - n’ont absolument rien compris à cet événement et l’ont subi douloureusement, sans faire ce travail sur eux. Les Hébreux ont donc été épargnés car ils avaient fait naître symboliquement le Fils intérieur. Les Égyptiens n’ayant pas accompli ce travail, ce sont les fils (extérieurs/ ceux du monde) qui ont été tués, avec les animaux, car l’Homme avant d’entrer dans sa dimension divine est un homme "animal". Voilà exactement ce qui se passe au moment de la naissance du Christ ; c’est la naissance de l’Enfant Divin, de l’Homme Total. Du Grand Adam. Mais la plupart des «Adam» que nous sommes n’ayant rien compris, alors ce sont des innocents qui sont massacrés - c’est-à-dire qui «font le sacré à leur place».
C’est là qu’intervient le parallèle avec la situation actuelle ?
* C’est exactement cela qui continue aujourd’hui ! Tant que nous ne comprendrons pas que nous avons à faire naître en nous la dimension divine de notre Être, il y aura des massacres à l’extérieur. Ces êtres massacrés sont des saints. Des êtres qui entrent dans une lumière absolument admirable... Entendons-nous bien, ce n’est pas pour justifier la chose, naturellement ! Rien ne peut justifier ces actes, si ce n’est que nous sommes-là devant une Loi absolument incontournable. Nous sommes donc très responsables des événements qui se passent... Ce ne sont pas les tueurs, les auteurs des massacres - ce sont des pauvres types qui ont été manipulés par des cerveaux complètement fous. Les vrais auteurs sont ceux qui ne font pas le chemin intérieur.
Selon vous, quel est le cheminement intérieur que l’on doit accomplir pour sortir de cette impasse ?
* Cela fait l’objet de tous mes livres (Rire) ! Actuellement, et depuis toujours, le travail intérieur que l’on doit faire, c’est de réaliser tout le potentiel d’énergie qui est à l’intérieur de nous. Nous avons un potentiel d’énergie extraordinaire. Doté d’une très grande violence, d’ailleurs. Lorsque cette violence n’est pas travaillée, elle déferle à l’extérieur. Elle déferle contre nous, dans les maladies, et elle déferle aussi contre les autres. Mais cette violence est également notre richesse, parce que c’est elle qui, si elle est prise en main, va s’exprimer dans la connaissance.
Comment opérer cette transformation initiatique ?
* C’est toute une alchimie secrète qui se joue lorsqu’on peut nommer les démons de notre être et qu’on peut les transformer à l’intérieur de nous... Dès lors, toute cette violence devient de l’information. L’énergie, c’est de l’information ! Voilà ce que (nous) disent les physiciens, aujourd’hui. C’est de cette manière que nous construisons l’Arbre de la Connaissance que nous sommes. Qui n’est pas un bel arbre dans un beau jardin, tel que nous le rêverions – c’est vraiment l’Arbre que nous sommes, et dont nous devons devenir le fruit. Cet Arbre de la Connaissance, il grandit, et il n’est pas celui du bien et du mal, justement. Il est celui de ce qui est accompli de nous... et de ce qui reste encore à accomplir. C’est pour ça que sur la croix, le Christ dit : "Tout est accompli." Alors, ce sera la résurrection...
Sur le plan de la santé, la maladie serait-elle l’expression d’un travail intérieur en cours – donc, déjà une forme de guérison ?
* Tout dépend. Cela peut aussi être l’objectivation d’un travail intérieur qui n’est pas fait. Dans ces conditions, il y a un blocage d’énergie. Il faut aller nommer ce blocage. Quand on peut le nommer, là est la source de guérison.
Dans "Le symbolisme du corps humain", vous affirmez que toute maladie porte en elle son germe de guérison...
* Absolument ! Elle est au départ une énergie pervertie qui demande à être convertie en lumière. Notre médecine occidentale ne cherche la guérison qu’à l’extérieur de l’Homme. Les médecines obéissant à la Tradition, dont l’acupuncture chinoise, qui remettent en place harmonieuse les énergies désorganisées, non seulement cherchent la guérison de l’Homme, mais amènent celui-ci à s’interroger sur le langage de sa maladie. Il faut, au malade, descendre dans l’inaccompli, dans cette partie obscure de lui-même.
Diriez-vous que la maladie, aussi, est au-delà du Bien et du Mal ?
* Eh oui...! Combien de fois ai-je rencontré des personnes qui m’ont dit : "Depuis mon cancer, ma vie a complètement changé !" Parce qu’il y a une information qui leur a été donnée. Ils ont interrogé la maladie – pour comprendre le sens, ce qu’elle avait à leur dire. Du coup, ils sont entrés dans l’intelligence de ce qui se passait en eux.
La maladie est-elle donc un signal d’alarme de notre âme qui nous dit qu’il y a là quelque chose à comprendre, à travailler et dénouer pour grandir ?
* Bien sûr, même si c’est complexe à schématiser. Parce que la maladie peut être l’expression d’un langage personnel, mais il arrive que des êtres soient le siège d’un langage collectif. Autrement dit, ceux-là vivent, expriment, un langage d’une maladie collective. Même si c’est très difficile à cerner, cela aussi peut être nommé et travaillé. Ainsi, ai-je vu des cas de malades qui incarnaient littéralement quelque chose de grave (survenu) dans leur milieu professionnel ou, pour d’autres, dans leur milieu familial. Très souvent, d’ailleurs, il s’agit du milieu familial. Vous comprenez que c’est un travail extrêmement intéressant - de compréhension, de «nettoyage» - que l’on peut accomplir à ce moment-là !
Le travail s’effectue alors sur le plan transgénérationnel...
* C’est évident, mais avec une nuance : si on se tourne uniquement vers le passé, on est aussi dans quelque chose de faux. Si maladie il y a, il faut réaliser l’ouverture du cœur - la naissance de cet enfant divin en soi - en même temps que l’on interroge le passé. L’essentiel est d’aller en avant.
Dans votre accompagnement, comment interrogez-vous les patients pour découvrir s’ils expriment le langage d’une maladie collective ou personnelle ?
* C’est au cours d’une analyse que l’on peut le découvrir... Je ne peux pas vous en parler de façon radicale. C’est extrêmement fin, tout cela. Il faut interroger les rêves, les événements... La vie parle par tout un tas de petits événements, de signes, qui n’ont l’air de rien, mais qui vous parlent !
Les signes ont-ils été importants dans votre existence ?
* Et comment ! Vous savez, il faut être très attentif. Nous sommes, nous, totalement coupés de notre intériorité... alors que notre intériorité, elle, n’est pas coupée de nous. Elle essaie de (nous) parler et nous sommes inattentifs. C’est extrêmement dommageable, car si nous étions à l’écoute, nous comprendrions ce qui nous est dit du monde divin qui nous habite - d’une puissance d’amour infinie.
Qu’est-ce que ces signes vous ont révélé ?
* Les signes nous parlent notamment de nos dons. Chacun a des dons ! Lorsqu’on prend le chemin ontologique, c’est-à-dire que l’on coupe avec les valeurs du monde (tout en assumant le monde, naturellement), on fait l’expérience de recevoir ce que les Chinois appellent "Le mandat du Ciel", c’est-à-dire que l’on découvre sa véritable vocation. C’est là quelque chose de bouleversant !
Quel est le mandat du Ciel qui vous a été révélé par votre travail intérieur ?
* En fait, je le cherchais depuis l’enfance... C’est sûrement de comprendre les Écritures. À savoir : découvrir que derrière ce qui est dit, il y a autre chose qui est dit. En filigrane, en arrière-plan. Une autre dimension d’information.
Il y a des connexions entre ce que vous évoquez sur cette autre dimension d’information et les découvertes scientifiques actuelles...
* En effet, c’est très étonnant ! J’ai souvent des physiciens dans mes journées de travail ; ils sont émerveillés (mais moi aussi !) de voir cette conformité entre la lecture que je fais des Écritures et ce que l’on découvre dans les sciences aujourd’hui. Dans la physique quantique, en particulier.
Comment résumeriez-vous cette concordance ?
* J’épinglerais un point essentiel : lorsqu'il est dit dans le premier verset de la Genèse - qui débute la Bible - que "Dieu crée les Cieux et la Terre", les Cieux et la Terre n’ont rien à voir avec les Cieux et la Terre que nous connaissons. Les Cieux, c’est ce potentiel d’énergie que chacun de nous porte à l’intérieur de lui. Et la Terre, c’est ce qui émerge à la lumière et devient conscient. Nous nous trouvons, en quelque sorte, devant le conscient et l’inconscient.
* Aujourd’hui, avec toutes les thé