Dieu m'a sauvé la vie (05/01/2014)
1982
* Il y a des jours que l'on n'oubliera jamais !
* J'avais 20 ans. Ce jour-là je me réveillais à 11h00 du matin. Ayant très faim et ne pouvant déjeuner car n'ayant fait aucune emplette, je calculais qu'en me hâtant, je pourrais arriver avant la fermeture de 12h00 au supermarché : soit vers 11h30 - 15 minutes pour me préparer et 15 minutes pour m'y rendre.
* L'été était magnifique : un ciel bleu, un soleil resplendissant et une chaleur forte mais supportable.
* Le trajet pour aller au supermarché pouvait s'effectuer de deux façons : soit en prenant des petites rues qui permettaient d'arriver plus vite ou bien prendre la rue plus longue, mais directe. Le temps magnifique dont je voulais profiter me fit décider pour le trajet le plus direct.
* L'heure du déjeuner étant proche expliquait la rue solitaire vidée de ses habitants ; les maisons aux volets clos, situées de part et d'autre de la rue, faisaient paraître le silence plus grand. Seuls quelques chants d'oiseaux témoignaient que je n'étais pas seule.
* Cinq minutes avant d'arriver au supermarché, je vis plus loin trois jeunes hommes, l'un d'eux assis sur son cyclomoteur et les deux autres qui me paraissaient très grands, debout près de lui. Lorsqu'ils me virent j'entendis l'un des trois garçons prononcer cette phrase : "Regarde la fille, on va se la faire".
* A ces mots, je m'arrêtai, effrayée. Mon cœur battit plus vite et tellement fort que je l'entendis cogner comme un fou de ma poitrine jusque sous mon menton. Mes jambes se mirent à trembler violemment.
* Désespérée, je tournais la tête pour évaluer mes chances de fuite : - aucune rue transversale pour trouver une issue de secours, - ces jeunes hommes grands pouvant facilement me rattraper si je me mettais à courir, - les gens dans leur foyer pouvant ne pas m'entendre appeler à l'aide à cause des volets clos et des bruits familiers de leur maisonnée.
* Craignant de ne pouvoir m'en sortir de cette façon, je pensais soudainement à Dieu et me tournais vers Lui. Je fermais les yeux et je Lui dis : "Je t'en supplie Seigneur, aide-moi, en échange je te promets de maîtriser ma peur".
* J'ouvris mes yeux et surprise de ma promesse je me demandais comment je pourrais maîtriser ma peur. Afin de tenir ma promesse, je réfléchis et décidai de continuer mon chemin tout en faisant semblant de ne pas les voir.
* J'avançais tout en me rassurant et imaginant que j'étais seule. Cela m'aida un peu à raffermir mes jambes, à calmer mon cœur battant un peu moins fort qu'auparavant puisque j'avais demandé de l'aide à Dieu.
* Arrivée à leur hauteur, l'un des trois garçons dit : "Regardez les mecs, elle fait semblant de ne pas nous voir." Les deux jeunes hommes qui se trouvaient debout se dirigèrent rapidement vers moi. L'un d'eux saisit mon bras ; l'autre allait agir de même lorsque, tout à coup, leur copain assis sur son cyclomoteur cria très fort : "Arrêtez, elle est protégée". Faisant fi de son intervention, ils me saisirent fortement les bras.
* Leur copain effrayé, cria alors encore plus fort en répétant plusieurs fois de suite : "Arrêtez elle est protégée, il ne faut pas la toucher. Surtout ne la touchez pas". Il les supplia plusieurs fois. Saisis par ce cri déchirant, un cri sorti vraiment du fond du cœur, un cri tellement puissant que tous trois - moi et les deux jeunes hommes qui me tenaient - nous tournâmes vers lui très étonnés.
* Il était descendu de son cyclomoteur, il nous regarda et je vis sur son visage le masque de la peur — masque blanc ressemblant aux masques du carnaval italien. Il partit à grandes enjambées à l'opposé de l'endroit où nous nous trouvions comme s'il voulait fuir au plus vite ce lieu, le dos courbé, les mains sur son visage et il pleura de telle façon que cela me toucha le cœur. Je n'entendis plus jamais pleurer un homme de cette façon. Il pleura tout en les suppliant et leur répétant inlassablement qu'il ne fallait pas me toucher.
* Ses deux copains, très surpris de son attitude et ressentant j'en suis persuadée la même chose que moi, me lâchèrent et lui dirent : "Okay, Okay, arrête tes conneries. On l'a lâchée, ça va, on arrive." Ils se dirigèrent vers lui, prirent son cyclomoteur et le rejoignirent. Voyant qu'il continuait à pleurer violemment, ils lui dirent : "Tu es fou, qu'est-ce qui t'arrive ?".
* Et il leur répétait : "Elle est protégée, elle est protégée".
* Je les vis s'éloigner tout en entendant les pleurs déchirants du jeune homme qui marchait avec grande hâte, les mains sur son visage.
* Quant à moi, incroyablement saisie de ce que je venais de vivre mais soulagée et heureuse tout à la fois, je poursuivis mon chemin. Du fond du cœur je remerciais Dieu qui venait de me sauver la vie!!!!
Témoignage de Maryse
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